J'ai vu BLACK SWAN
A priori pas du tout attirée par le contexte du film BLACK SWAN, je n’ai pourtant pas su résister à la curiosité de tant d’avis contrastés. Je me suis dit qu’au moins ce film ne me laisserait pas indifférente. Et bien si ! Ni bouleversée, ni consternée, ni déroutée. Je dois être une brute désabusée.
Le thème et le message ne sont pas inédits, le talent artistique le plus sublime est l’expression de la folie Schizophrène, on le savait déjà, certains y ont perdu une oreille.
J’ai trouvé évidents les autres messages du réalisateur. Le directeur artistique interprété par Vincent Cassel, est un peu barjo lui aussi , c’est ainsi qu’il sait repérer le potentiel extrême de sa danseuse, il comprend que sa retenue cache des désirs violents. Bon...
Quant à la mère, le seul petit débat permis, elle est tout juste assez ambigüe pour entretenir un doute chez le spectateur. On comprend assez vite cependant qu’elle souffre à plus d’un titre de la folie et des crises de violence dont elle sait sa fille capable. Je ne crois pas que la mère soit coupable ou maltraitante. Une mère frustrée par sa propre carrière certes, ultra protectrice évidemment. Mais quel autre choix a-t-elle pour préserver sa fille ? La seule méthode dont elle dispose est de l’entourer d’amour et de créer un univers cotonneux autour d’elle. Elle tente par là de faire tampon à la violence des crises, d’écarter d’éventuels déclencheurs. Je ne crois pas du tout à l’interprétation simpliste d’une mère vampirique qui serait responsable de la folie de sa fille, bien au contraire la mère est en souffrance, victime aux premières loges de la maladie de sa fille, et elle est seule pour y faire face. La vie de la mère est un enfer, son regard noir dans le miroir est un abîme de désespoir.
Globalement c’est un film gris, presque terne au final d’un jeu de noir et blanc constant. Cette désagréable impression est tout juste rattrapée par la belle scène finale du Cygne Noir, mais la musique y est pour beaucoup !
Il est un fait que Nathalie Portman joue son rôle à la perfection, la scène de l’appel téléphonique depuis les toilettes est assez bluffant ! C’est l’interprétation de l’actrice qui sauve le film d’un propos sans aucune révélation sur le génie artistique.
Ce film n’est pas un chef d’œuvre parce que certains spectateurs sortent de la salle choqués par les nombreuses scènes sanglantes ou sexuelles... Au contraire, il est mauvais car indisposés des images les spectateurs passent à côté de la véritable horreur du film : être parent d'un enfant paranoïaque et schizophrène, qu'on ne peut protéger de lui-même et dont on a peur.
Il convenait peut-être d’identifier ce film comme « pouvant heurter la sensibilité des spectateurs », c’est bien différent d’un film bouleversant.